Cette semaine, nos experts ont analysé l’évolution des prix du marché de l’énergie pour vous apporter un éclairage sur l’évolution des marchés et accompagner vos choix afin de trouver la meilleure option pour vos contrats d’énergie. Retrouvez notre analyse pour la semaine du 21 février 2022 ci-dessous :
Marché de l’électricité
La hausse des prix de l’électricité se poursuit
Sans surprise, cette semaine a été complexe sur les marchés électriques européens suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie dans la nuit de mercredi à jeudi. Le prix de l’électricité connaît ainsi une flambée dans la foulée de la hausse constatée sur les marchés gaziers. Les inquiétudes étaient fortes ces derniers mois, et le Président russe est finalement passé à l’offensive. Malgré une bonne production renouvelable, notamment du côté de l’éolien allemand, les prix de court terme comme de long terme avaient déjà entamé une tendance haussière dès lundi 21 février.
La production nucléaire française reste perturbée
D’un point de vue français, EDF annonçait en début de semaine la prolongation des opérations de vérification et de maintenance sur au moins deux réacteurs : à Civeaux 1 (1,5 Gw) et à Chooz (3 GW), notamment du fait de la détection de fissures sur des tuyaux mettant à mal la sécurité des sites. Cette nouvelle annonce donne un coup supplémentaire à la disponibilité nucléaire déjà réduite pour cette année 2022.
L’impact du conflit entre la Russie et l’Ukraine
Le conflit russo-ukrainien pourrait durer et s’enliser. De lourdes sanctions ont déjà été prises, notamment économiques et financières. Pour l’heure, il ne semblerait pas que ces sanctions très entravantes puissent pousser le Président russe à faire machine arrière. Le risque de baisse d’approvisionnement est réel, la Russie fournissant encore près de 40% des importations de gaz en Europe, mais pour l’heure l’impact reste limité.
Le prix des contrats à long terme augmente
Ainsi, sur la courbe de long terme, les variations des prix des contrats calendaires français restent importantes. Le contrat pour l’année 2023 gagne 15,01 €/MWh d’un vendredi à l’autre, soit une hausse de 9,43 % pour atteindre un prix de 174,12 €/MWh le vendredi 25 février.
Pour les années 2024 et 2025 les prix se sont établis, respectivement, à 123,88 €/MWh et 113,38 €/MWh soit une hausse moyenne d’environ 9,97 % en une semaine.
Les prix de long terme de l’électricité devraient rester durablement élevés le conflit entre la Russie et l’Ukraine pouvant perdurer et l’Union européenne devant chercher d’autres sources d’approvisionnement gaziers. Le CO2 en revanche devrait continuer de reculer, la demande devrait être forte avec l’arrêt potentiel de sites industriels, notamment russes.
Loïc ARILAZA, Analyste Pricing

Marché du gaz
Le conflit ne perturbe pas les flux venant de Russie
Les prix européens du gaz naturel flambent dans ce contexte géopolitique très mouvementé. Le jeudi 24 février, les contrats pour une livraison en 2023 gagnaient 15,91 €/MWh. Il semblerait que des achats de panique aient été réalisés, les inquiétudes sur le flux gaziers étaient alors à leur paroxysme. Néanmoins, il semblerait que dans les faits les flux gaziers en provenance de Russie n’aient pas été significativement réduits, et ce malgré les nombreuses et lourdes sanctions prononcées à l’égard de la Russie.
Les sanctions ne semblent donc, pour le moment, pas impacter l’approvisionnement énergétique de l’Europe, qui dépend encore fortement de son fournisseur russe. De son côté, la Russie semble avoir besoin plus que jamais de vendre ses hydrocarbures, que ce soit à l’Europe mais également à la Chine, tant l’inflation commence à gagner le marché domestique soviétique.
L’approvisionnement à long terme inquiète
Ainsi, en une semaine, le contrat français 2023 gagne 9,74 €/MWh soit une variation de +18,87 %. L’écart du niveau des stocks gaziers de cette année contre celle de l’année passée s’agrandit à nouveau (à la baisse), et les inquiétudes sur l’approvisionnement de long terme en Europe sont grandissantes. La diversification des sources d’approvisionnement énergétiques est l’une des principales préoccupations du moment.
Sur un horizon plus lointain, les contrats Cal 2024 et 2025 repartent également à la hausse. Ces contrats se négocient respectivement à 41,76 €/MWh (+17,12 % sur la semaine) et à 32,33 €/MWh (+13,47 %) le vendredi 25 février.
Les prix du gaz naturel devraient continuer leur progression, plus modérée toutefois, au regard de la situation actuelle. Même si les volumes arrivent à se maintenir, voire augmentent, la situation de long terme reste préoccupante pour un grand nombre d’acteurs. Cette semaine devrait rester difficile et la guerre en Ukraine pourrait durer plus longtemps que prévu.
Loïc ARILAZA, Analyste Pricing

Marché des émissions
Les prix sont à la baisse
Le prix des quotas d’émissions de CO2 se négocient à 88,14 €/t le vendredi 25 février (-1,33 €/t en une semaine). Comme sur le marché du gaz naturel, le prix des EUA connaît un fort rebond jeudi au début de l’invasion russe. Dès le lendemain, les prix chutent pour atteindre un niveau plus bas qu’avant la déclaration de guerre ouverte, et cette tendance semble devoir se poursuivre. Les prises de profits, la mise en vente de quotas gratuits fraichement reçus de certains industriels et la crainte de la perte de leur accès d’autres obligés russes ont permis de soutenir les prix du carbone à la baisse.

Marchés du pétrole et du charbon
Les prix du pétrole s’envolent
Le prix de l’or noir flambe également dans un contexte géopolitique mondial de plus en plus tendu. Le brut de BRENT (mois+1) atteint un plus haut au-delà des 100 $/bbl dans la journée de jeudi 24 février avant de clôturer la journée à 99,08 $/bbl.
L’offre mondiale reste limitée un peu partout dans le monde, et la guerre en Ukraine n’est pas un bon présage pour l’approvisionnement futur de la Russie, 2ème producteur mondial de pétrole brut.
Même si les sanctions actuelles n’impactent pas les exportations de brut en Russie, l’incertitude sur le sujet persiste. Par ailleurs, la stratégie de l’OPEP+ ne devrait pas évoluer ces prochaines semaines ce qui devrait soutenir les prix.

Les inquiétudes persistent pour le marché du charbon
Sur le charbon enfin la flambé générale des prix de l’énergie suite à l’offensive russe se retrouve sur les prix de court terme comme de long terme. Même si en fin de semaine, comme sur les autres marchés, les prix corrigent fortement à la baisse. Néanmoins, le week-end apporte des sanctions supplémentaires et donc des inquiétudes supplémentaires concernant l’avenir de l’approvisionnement russe. Le vendredi 25 février, le contrat API2 Cal 2023 clôturait à 126 $/t (+12,90% sur la semaine).
