9 septembre 2022

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Temps de lecture : 4 minutes

Le gaz en France : résumé de la situation en 2022

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Chaque semaine, les experts de Capitole Energie analysent le marché de l’énergie pour apporter aux clients un éclairage sur l’évolution des prix du marché de l’énergie.

Chaque jour, de nouvelles informations nous parviennent concernant la situation du gaz naturel en France. La situation a escaladé dès le lancement du conflit en Ukraine pour s’accentuer davantage au cours du mois de juin. Cet article vous propose de revenir de manière synthétique sur les points clés liés au gaz en France.

Le conflit : point de départ de l’envolée des prix

Même si les prix du gaz avaient commencé à augmenter dès la fin de l’année 2021, l’évolution s’est accélérée à l’annonce de la guerre en Ukraine.

Mais alors pourquoi la France subie elle aussi l’augmentation des prix du gaz ?

Le gaz, comme l’électricité, s’échange sur un marché boursier. La France n’étant pas productrice de gaz naturel, nous devons acheter du gaz sur le marché. Or, celui-ci est très sensible aux aléas extérieurs, qu’ils soient climatiques mais surtout géopolitiques. Aussi, les sanctions européennes à l’encontre de la Russie ont nécessairement eu un impact sur les prix.

L’Europe dépendante du gaz naturel russe

Revenons sur les dates clés qui expliquent l’augmentation fulgurante des prix du gaz en août 2022 :

  • 22 février 2022 : La Russie reconnait les Républiques Populaires de Donetsk et de Lougansk. En réponse, l’Allemagne met un terme à la certification du nouveau gazoduc Nord Stream 2. Il lie l’Allemagne à la Russie par la mer Baltique. Le gazoduc, déjà construit, n’est donc pour le moment pas exploité.
  • 24 février 2022 : Invasion de l’Ukraine par la Russie
  • 23 mars 2022 : Poutine annonce l’obligation de paiement du gaz russe en roubles
  • 27 avril 2022 : Les exportations de gaz russe vers la Pologne et la Bulgarie sont stoppées
  • 21 mai 2022 : Les exportations de gaz russe vers la Finlande sont stoppées
  • 31 mai 2022 : les exportations de gaz russe vers les Pays-Bas sont stoppées
  • 16 juin 2022 : Gazprom réduit de 60% ses exportations de gaz via le gazoduc Nord Stream 1, qui relie la Russie à l’Allemagne. L’énergéticien russe évoque un problème de maintenance
  • 26 août 2022 : Record du prix du gaz (PEG Cal 23) à 297,23€
  • 30 août 2022 : Gazprom ne livre plus de gaz à Engie
  • 2 septembre 2022 : Le gazoduc Nord Stream 1 est mis à l’arrêt complet, et ce jusqu’à la réparation complète d’une turbine. Aucune date de remise en route n’a été précisée.

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Doit-on alors craindre une pénurie de gaz en France cet hiver ?

A l’échelle européenne, les importations de gaz russe représentent 41% des importations globales. Certains pays dépendent toutefois de la Russie plus que d’autres. Par exemple, près de 60% du gaz importé en Allemagne provient de Russie, en France ce chiffre est près de 20%. En 2020, la répartition du gaz importé en France s’effectuait de la manière suivante :

  • Norvège : 36%
  • Russie : 17%
  • Algérie : 8%
  • Pays-Bas : 8%
  • Nigéria : 7%

En diversifiant ses approvisionnements, la France s’est protégée d’une dépendance trop importante au gaz russe. Toutefois, les pays qui recevaient beaucoup de gaz russe doivent désormais se tourner vers d’autres producteurs. La demande augmente, la production reste globalement similaire, d’où l’augmentation fulgurante des prix sur les marchés.

Les solutions pensées par l’Union Européenne

Pour faire face à la crise énergétique, l’Union européenne a pensé différentes solutions.

Remplissage des stocks au maximum en prévision de l’hiver

 L’Union européenne impose aux pays membres un remplissage à au moins 80% de leurs stocks de gaz. La France a pour objectif de remplir à 100% ses stocks de gaz d’ici le début de l’hiver. L’objectif est pour l’instant respecté à 90%.

Diversification des sources d’approvisionnement

Pour combler le gaz russe, l’Europe a fortement augmenté ses importations de Gaz Naturel Liquéfié (GNL). Ce GNL provient notamment des Etats-Unis qui ont déjà exporté 27 millions de tonnes de GNL vers l’Europe, contre 21 millions de tonnes sur l’ensemble de l’année 2021.  

La France travaille également à mettre en place de nouveaux contrats avec des pays producteurs. Cela était notamment un des enjeux de la visite d’Emmanuel Macron en Algérie au mois d’août.

Solidarité énergétique

La Commission européenne a demandé des efforts de la part des Etats membres. Elle souhaite notamment qu’ils réduisent leur consommation de gaz de 15% entre le 1er août 2022 et le 31 mars 2023. Ce pourcentage sera calculé par rapport à la consommation moyenne entre 2016 et 2021.

De plus, des accords entre pays sont en négociation. La France a par exemple annoncé livrer du gaz naturel à l’Allemagne si celle-ci venait à en manquer au cours de l’hiver. En contrepartie, l’Allemagne pourrait fournir de l’électricité.  

Le Président Macron a également annoncé émettre un avis positif à des achats groupés de gaz entre pays européens. « Nous sommes favorables à des pratiques d’achat commun du gaz […] ceci permettrait à l’Europe en achetant groupé d’acheter moins cher ».

Devons nous craindre des coupures de gaz en France cet hiver ?

L’arrêt complet des livraisons russes était le scénario extrême imaginé par l’Union Européenne. Ce scénario ne semblent toutefois plus aussi extrême. Ainsi, les réserves de gaz suffiront elles pour l’hiver ? Nous consommons durant cette période près de 2,5 fois notre capacité de stockage de gaz.

Aussi des interruptions d’approvisionnement (délestages) sont d’ores et déjà prévues. Elles concernent les consommateurs qui utilisent plus de 5 GWh par an, ce qui correspondrait à environ 5 000 entreprises.

Pour l’heure, les plus petites entreprises et les particuliers ne sont pas concernés. Elisabeth BORNE précise qu’il s’agit vraiment d’une solution de dernier recours : « Si on arrive à baisser notre consommation de gaz de 10%, il n’y aura pas de pénurie », annonce elle.

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