Le GIEC a publié début avril le troisième volet de son sixième rapport. Chiffres clés et solutions, découvrez dans cet article les informations importantes de ce dernier rapport.
Qu’est-ce que le GIEC
Créé en 1998, le Groupe d’Experts Intergouvernementaux sur l’Evolution du Climat (GIEC) est une association de pays membres. Les personnes qui siègent au sein de son assemblée sont des représentants de ces mêmes pays.
Les auteurs du GIEC sont chargés de réaliser une synthèse de la littérature récente en matière de climat. Ils ne réalisent donc pas eux-mêmes d’études scientifiques.
Comment sont choisis les experts du GIEC ?
Le processus de sélection des experts du GIEC commence par un appel à candidature lancé auprès de ses observateurs (gouvernements et organisations). Les experts qui deviendront ensuite auteurs du rapport sont donc choisis en fonction de leurs compétences.
Les auteurs des rapports du GIEC participent à la rédaction du rapport de manière bénévole. Ils prennent de leur temps pour faire partie de cet effort collectif.
Il existe également des « reviewer ». Il s’agit d’experts qui peuvent envoyer des commentaires, qui seront obligatoirement pris en compte par les auteurs. Ils n’ont cependant pas de pouvoirs de décision et ne sont pas engagés pour écrire le rapport.

Le bureau du GIEC est composé de 36 membres au sein duquel sont présents un président et 3 vice-présidents.
Au niveau organisationnel, le GIEC est divisé en trois groupes de travail qui sont chacun chargé d’un volet lors de chaque rapport. Il existe également une « task force ».
Le mode de travail
Les experts du GIEC prennent en compte tous les travaux réalisés sur le climat, si tant est qu’ils aient été validés par des paires grâce à une publication dans une revue scientifique.
Les informations collectées et exposées dans le rapport sont soumises à deux indicateurs qui permettent d’indiquer leur degré de certitude.
- Un indicateur qualitatif qui permet d’indiquer la confiance grâce à une unité de 5 niveaux : confiance très faible, faible, moyenne, élevée et très élevée.
- Un indicateur quantitatif sous la base du tableau ci-dessous :

Après la réalisation du rapport, une séance plénière est organisée entre les scientifiques et les gouvernements. Ces derniers doivent valider chaque phrase du résumé qui leur est destiné.
Le sixième rapport
Le GIEC a déjà publié cinq rapports (en 1990, 1996, 2001, 2007 et 2013) alertant sur les impacts du réchauffement climatique sur la planète.
Trois volés ont donc déjà été ajoutés à ce sixième rapport. Afin de rédiger ces volets, trois groupes de travail ont été mis en place. Les thèmes à traiter étaient les suivants :
- Changement climatique 2021 : les éléments scientifiques
- Impact, adaptation et vulnérabilité
- Atténuation du changement climatique
Le premier volet a été publié le 9 août 2021. Il traite donc des fondements physiques du changement climatique. L’information capitale retenue à la suite de ce premier volet est la rapidité avec laquelle le changement climatique s’opère. Il est beaucoup plus rapide qu’envisagé auparavant.
Le 28 février dernier, le GIEC a publié le second volet de ce sixième rapport. Traitant de l’impact du changement climatique sur l’humanité, il analyse les vulnérabilités et l’adaptation des Hommes aux changements observés.
Au début du mois d’avril 2022, le troisième et dernier volet du sixième rapport a été dévoilé. Il dévoile les solutions énoncées par les experts climatiques concernant l’atténuation du changement climatique.
Le 3ème volet de ce rapport
Ce troisième volet, publié le 4 avril 2022, est le premier à énoncer clairement des solutions. Il fait la synthèse de 18 000 papiers scientifiques. 278 auteurs y ont participé et ont ainsi répondu à plus de 59 000 commentaires d’experts et de gouvernements.
Les chiffres clés du rapport du GIEC
- +3,2°C : à l’heure actuelle, la température mondiale a déjà augmenté de +1,09°C depuis l’ère préindustrielle. Les scientifiques du GIEC estiment que s’il n’y a pas une baisse drastique des émissions de gaz à effet de serre (GES), la température pourrait atteindre +1,5°C d’ici à 2030, soit 10 ans plus tôt que le scénario prévu originalement. Une augmentation de +3,2°C interviendrait « sans un renforcement des contributions déterminées au niveau national », en dehors de celles mises en place avant la fin 2020. Cependant, les engagements pris durant la COP26 (qui a eu lieu après les travaux du GIEC) peuvent permettre de réduire cette température de moitié.
- +50cm : c’est l’augmentation que pourrait subir le niveau des océans au 21ème siècle. Le niveau a déjà augmenté de 20 cm depuis le début du siècle précédent. Il est également estimé que la température des océans pourrait augmenter de +2°C sur la même période. Les communautés côtières seraient alors très durement touchées. Elles subiraient des inondations de plus en plus fréquentes, des dégâts sur les infrastructures mais aussi des invasions d’eau salée.
- Plus de 3 milliards de personnes vivent aujourd’hui dans des situations considérées comme « très vulnérables » au changement climatique. De ce fait, les migrations liées au changement climatique devraient augmenter dans les années à venir.
- Les ménages se situant dans les 10% les plus riches, sont à l’origine de 34% à 45% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Les solutions imaginées par le GIEC
Pour la première fois donc, le troisième volet du rapport du GIEC énonce des solutions pour parer à l’accélération du changement climatique. En effet, pour les experts, il est important d’agir rapidement et fortement.
La sobriété énergétique
Cette solution vise à réduire la consommation globale d’énergie. Cela peut être réalisé via des petits gestes du quotidien. Cependant, les efforts individuels ne peuvent suffire à eux seuls. C’est pourquoi des politiques et infrastructures devront être mises en place afin de faciliter ces choix individuels. Cela peut donc passer par l’adaptation des villes grâce à des modes de transports durables, des bâtiments écologiques, le développement du télétravail, moins de transport en avion, etc. Cette réduction de la demande à plus grande échelle pourrait également permettre de réduire les émissions de 40% à 70% d’ici à 2050.
Pour aller plus loin : retrouvez notre article sur la manière donc vous pouvez réduire votre consommation énergétique.
La réduction des énergies fossiles
La réduction, voire la fin des énergies fossiles reste un point clé de ce rapport. Pour 2050, le GIEC propose de réduire la production de charbon, pétrole et gaz de respectivement 95%, 60% et 40%. Si la solution principale est de pas construire de nouvelles infrastructures, le GIEC conseille également d’anticiper la fermeture de celles existantes.
L’augmentation des flux financiers
Pour pallier cette réduction de la production d’énergie fossile, le GIEC souhaite que les flux financiers à destination du secteur augmentent de 3 à 6 fois. Cela permettrait de changer la répartie du mix énergétique mondial, des énergies fossiles aux énergies renouvelables. Cette répartition doit également se faire entre les pays développés et les pays en voie de développement.
La captation du CO2
Même dans les scénarios les plus optimistes, les solutions mises en place devront être couplées à la captation du CO2. Cela peut se faire via le développement de la végétation ou bien par des technologies qui ne sont pas encore en place.
Ainsi, agir contre le changement climatique représente un coût certain. Mais les conséquences d’un manque d’actions pourraient coûter encore plus cher dans le futur.